Deux journaux de propagande

Selon l'idéologie nazie, le Juif est un être faux et un monstre biologique. L'ensemble des articles publiés par les journaux nazis s'attachent donc à montrer dans les exemples suivants que les Juifs sont, entre autres tares, dangereux, indifférents et égoïstes.

En novembre 1940, des photos du ghetto de Lublin illustraient un article antisémite publié dans Das Schwarze Korps, sous le titre Juden ünter Sich (Le Juif dans son jus).
La première page du « reportage » est composée de trois images qui délivrent un terrible message : si les Juifs sont enfermés derrière de hauts murs, si on a aménagé des passerelles pour que leur chemin ne croise jamais celui des non-Juifs, c’est parce qu’ils sont malades et infectieux. Un visage apparaît au hublot d’une porte, barrée d’un panneau qui indique : « Typhus ! Entrée et sortie rigoureusement interdites ». Les ghettos, affirme la propagande nazie, ne sont pas des prisons, mais des zones de quarantaine pour isoler la maladie juive.

L’usage le plus marquant des photos de ghettos, aux débuts de la campagne dans l’Est, se manifeste dans un article intitulé « Les Juifs entre eux », publié le 24 juillet 1941 dans le Berliner Illustrierte Zeitung, journal populaire illustré. Il décrit la vie prétendument dégénérée des Juifs dans le ghetto de Varsovie.
La photographie en haut à gauche de ce journal a été prise par Ludwig Knobloch. Cette photographie, révélatrice des conditions de vie dans les ghettos, a été prise pour servir l'argumentation antisémite nazie : comme au Moyen-Âge, les Juifs sont responsables et vecteurs de maladie.

Comme le montre ce témoignage, la réalité est tout autre :
Les maladies et la mort font rage dans le ghetto. De janvier à juillet… le nombre de morts juifs s’élève à 20 000. … Les Juifs dans le ghetto meurent… D'abord et avant tout à cause du typhus, de la dysenterie… de la tuberculose et des maladies cardiaques. À cause du typhus exanthématique et de la dysenterie, tous les départements de l'hôpital juif ont été liquidés…
Za Naszą i Waszą Wolność, août 1941, journal clandestin, Ghetto de Varsovie.

Carte des ghettos

„Jüden unter sich“
« Les Juifs entre eux »,
Berliner Illustrierte Zeitung, 24 juillet 1941
Collection particulière
leur égoïsme crasse ressurgit et, en un tournemain, le peuple si bien uni se mue en une horde de rats qui s'entretuent. Si les Juifs étaient seuls sur cette terre, ils […] s’extermineraient eux-mêmes, affirme Hitler dans Mein Kampf et dans ses propos privés. Preuve en est, disent les nazis, que dans l’espace confiné du ghetto, les Juifs ne font preuve d’aucune solidarité « de race » : pendant que les uns mènent grande vie et grand train, jouent aux cartes, dînent copieusement, dansent et boivent du champagne, les autres meurent d’inanition. La brutalité juive est dénoncée par la juxtaposition des images, par des textes explicites (« Les pauvres meurent de faim, les riches se gobergent ») et par des mises en scène choquantes – un couple d’élégants sort d’un spectacle pendant que, sur le trottoir, agonise un jeune homme.

L'administration nazie

„Jüden unter sich“
« Les Juifs entre eux »,
Berliner Illustrierte Zeitung, 24 juillet 1941
Collection particulière