L'administration nazie des territoires occupés

S'inspirant de la Grande-Allemagne, idée élaborée par les nationalistes avant la création de l'Allemagne en État-Nation, le Troisième Reich organise la gestion des territoires occupés en trois entités distinctes.

I. Le Reichsgau Wartheland

Après la défaite de l'armée polonaise en 1939, ce territoire de Grande-Pologne est occupé, annexé et le seul à être incorporé au Troisième Reich ; il comprend deux régions appartenant à l'Allemagne avant 1918 et la région de Wartheland, incluant la seconde ville de Pologne par son importance, Lodz. Le Wartheland abrite quelque cinq millions de personnes, dont environ 385 000 Juifs et 32 000 Allemands, le reste de la population étant constitué de Polonais. Il est dirigé par Arthur Greiser, fonctionnaire nazi fanatique et autoritaire, originaire de Dantzig, qui se distingue par l’extrémisme de ses initiatives législatives à l’encontre des Juifs et des Polonais.
Les conditions de vie dans le Wartheland sont les plus difficiles de toute la Pologne occupée. Tandis que, dans un premier temps, les Juifs sont confinés dans des ghettos, les Polonais sont soumis à un régime de terreur. Des dizaines de milliers de Polonais, soupçonnés d'être des ennemis du Reich, sont assassinés ; la majorité de la population est privée de liberté de circulation ; des limitations sont imposées à ceux qui veulent étudier et s'instruire. De nombreux biens sont réquisitionnés, les entreprises polonaises passent aux mains des Allemands et le salaire versé aux ouvriers polonais est infime. Près de 450 000 Polonais sont envoyés dans des camps de travail en Allemagne et 300 000 environ déportés vers le Gouvernement général.

II. Le Gouvernement général

Le Gouvernement général (Generalgouvernement) recouvre le territoire de la République de Pologne annexé, mais non incorporé, au Troisième Reich. Il est créé par un décret publié par Hitler en octobre 1939 et comprend la majorité des territoires de Pologne centrale et méridionale. Il est divisé en quatre districts: Varsovie, Cracovie, Lublin et Radom. En 1941, après l'invasion allemande de l’Union soviétique, un cinquième district lui est ajouté, celui de Galicie, avec, en son centre, la ville de Lvov. Hans Frank, juriste nazi et homme de confiance d'Hitler est nommé Gouverneur général et établit son quartier général à Cracovie, dans le château historique de Wawel, ancienne résidence des rois de Pologne.
Le Gouvernement général est l’un des éléments du dispositif colonial et démographique que les nazis ambitionnent de mettre en place en Europe de l'Est. Dans un premier temps, il doit absorber les Polonais et les Juifs expulsés des territoires polonais annexés au Reich. Ainsi, au cours de la première année de guerre, aux 12 millions d'habitants déjà présents sur le territoire du Gouvernement général, viennent s’ajouter près de 860 000 habitants supplémentaires, transférés de force. Les Polonais du Gouvernement général constituent une réserve de main d'œuvre pour répondre aux besoins de l'économie allemande et servir la « race des seigneurs ». Pendant la période d'occupation, la région est soumise à un régime de terreur impitoyable conduisant, en 1945, à un terrible bilan : 4 millions de ses habitants y ont trouvé la mort, dont 2 millions de Juifs assassinés dans les centres de mise à mort construits sur son sol.

III. Le Reichskommissariat Ostland

Le Reichskommissariat Ostland, créé par le Troisième Reich sur des territoires conquis à l'Union soviétique en 1941 lors de l'opération « Barbarossa », comprend les pays baltes (Estonie, Lettonie et Lituanie) et la partie occidentale de la Biélorussie. On y compte près de 19 millions de personnes, dont environ un demi-million de Juifs. Cette nouvelle entité administrative, qui englobe des capitales régionales abritant d'importantes communautés juives comme Vilnius, Kaunas ou Minsk, est placée sous la tutelle du ministre chargé des territoires occupés à l'Est, Alfred Rosenberg.
Avant l'occupation, les nazis n'ont pas de projets bien définis pour l'Ostland. Rosenberg, l’un des principaux idéologues du parti nazi, souhaite lui rendre le caractère germanique et nordique qui l’avait, pensait-il, caractérisé par le passé. Pour ce faire, il lui faut se débarrasser de la population juive qui y réside, réduire la population slave et installer dans la zone des « fils de la race aryenne ». Mais des facteurs d’ordre économique et les intérêts divergents qui opposent la S.S. et la Wehrmacht empêchent la réalisation de ces objectifs, à l’exception de l'extermination des Juifs, qui commence dès l'invasion allemande à l'été 1941. La région sera libérée par l'Armée rouge à l'été 1944.