Les Judenrat

Le Judenrat, « conseil juif » en allemand, est une institution représentative traditionnelle, créé dans les communautés de l'Allemagne médiévale. Cette forme d'organisation est reprise par les autorités nazies avec le décret du 28 novembre 1939. Dès lors, le Judenrat est mis au service du projet nazi et devient l'intermédiaire entre les autorités nazies et la population juive internée dans les ghettos.

Le but de ces conseils consiste à faire prendre en charge par la communauté juive, l'essentiel des tâches administratives et bureaucratiques accompagnant le processus d'asservissement et d'extermination nazi : inventaire des biens et des personnes, confiscation des objets de valeur, encadrement et assistance communautaire, sélection de la main-d'œuvre pour le travail, rationnement et distribution de la nourriture, listes des déportations... Les Judenrat deviennent une véritable administration municipale, comprenant des services d'enregistrement, d'archives, de police, de statistiques, de travaux publics, d'éducation, etc.
Cette collaboration forcée avec le persécuteur nazi a suscité une polémique importante sur l'implication directe des responsables des conseils juifs et de la police juive dans l'application de la « solution finale ».

Souvent haïs par la population des ghettos, les membres des Judenrat, notamment leurs dirigeants, ont été placés dans une situation ambiguë, incomparable qu'il était à l'époque difficile d'analyser. Ceux-ci ne peuvent être, néanmoins, considérés comme un ensemble homogène ; placés dans des situations similaires, ils ont géré les événements de manière différente, parfois opposée, révélant plus leurs personnalités que leur pouvoir réel. Le président du Conseil juif de Lodz, Chaïm Rumkowski, était ainsi persuadé que les Juifs pourraient être sauvés du désastre par le travail. L'ancien sénateur juif polonais Adam Czeniakow a préféré se suicider plutôt que de participer à la déportation des Juifs de Varsovie. À Bereza Kartuska (Biélorussie), c'est l'ensemble du Judenrat qui s'est donné la mort. Yehuda Zupovitz utilise sa position de responsable adjoint de la police juive du ghetto de Kaunas pour aider et former les membres de la résistance ; arrêté et torturé, il meurt exécuté au « Neuvième fort », en mars 1944.
Ghetto de Lodz, ca. 1940-1944.
Photo: Henryk Ross.
© Collection Art Gallery of Ontario, Toronto, Canada.