La photographie des années 1930 et l'émergence du photojournalisme
Les photographies des ghettos peuvent se ranger dans les photographies de guerre qui apparaissent pour la première fois en 1855, lors de la guerre de Crimée, conflit opposant la Russie impériale et l’Empire ottoman. Dès lors, tous les principaux conflits d'Europe et d'Amérique ont été immortalisés sur la pellicule.
En 1936, la guerre civile espagnole marque, par la conjoncture de deux facteurs, la naissance du photojournalisme moderne.
L'arrivée sur le marché des premiers appareils photo portables (notamment le Leica en Allemagne) facilite les prises de vue des photographes. N'ayant plus à gérer un matériel encombrant, ceux-ci peuvent désormais se mêler directement aux troupes et produire des images plus proches du réel et plus saisissantes pour le public.
Parallèlement, de grands magazines illustrés à grand tirage, comme Life, Vu ou Berliner Illustrierte Zeitung, voient le jour. L'ensemble du secteur se structure avec la création des premières agences photographiques, telles keystone en Angleterre, Alliance Photo en France et Dephot en Allemagne dont le but est de diffuser et de commercialiser le travail des photographes.
La quête d'authenticité et de proximité avec les événements devient d'autant plus importante chez les photojournalistes qu'elle a longtemps été impossible.
La figure de Robert Capa, irrémédiablement liée à la guerre d'Espagne, incarne cette nouvelle approche. Ses clichés les plus connus (Mort d'un milicien et le Débarquement des troupes alliées en Normandie), pris au cœur de l'action, restent gravés dans la mémoire collective. En recherche permanente d'un nouvel angle d'approche sur la guerre, Robert Capa photographie la périphérie des scènes de guerre, s'intéressant aux souffrances des autres. Il rejoint en cela de nombreux photographes des ghettos.