La vision des juifs internés
Dans l’ensemble de l’Europe occupée, les nazis ordonnèrent aux Juifs de remettre leurs appareils photos. En dépit de cette injonction, les Juifs européens continuèrent à prendre des photos de leur propre destruction tout au long des années de l’occupation nazie. Ces photographies représentent d’innombrables activités cachées aux Allemands, notamment des actes de résistance, des scènes de la vie familiale et culturelle. Souvent prises en gros plan par des amis et des connaissances fiables, elles révèlent une profondeur d’émotions absente des scènes de foules anonymes et sont l'expression d'un souffle vital spécifique, inhérent au sentiment d'indignation et à la lutte pour la vie.
Les photographies prises par des Juifs relèvent de deux catégories. La première est composée d’instantanés familiaux. Nombre de ces photographies ne pourraient être identifiées comme des photos du ghetto sans un brassard ou une étoile juive cousue sur une chemise. La seconde catégorie regroupe des photographies qui vont bien au-delà de la description de la vie familiale. Elles forment des documents illustrés de l’histoire de la Shoah et nous dévoilent le fonctionnement d'une microsociété recomposée soumise au travail et sous contrôle.
Au-delà de cette première lecture, l'aspect essentiel des images prises par les photographes internés réside à la fois dans le traitement des émotions, le spectre des sujets traités, mais aussi dans leur ambivalence.
Contrairement aux photographes allemands, les photographes juifs connaissent suffisamment les gens pour pouvoir les photographier de près, de façon à révéler leurs émotions, qu’elles fussent liées à la vie quotidienne juive, à l’omniprésence du travail forcé - infligé aussi aux femmes et aux enfants -, à la vie culturelle dans le ghetto ou encore au traumatisme humain de la déportation.
Pour l’ensemble d’entre eux photographier est un acte de résistance, un impératif moral répondant au besoin impérieux de témoigner et de créer une preuve historique du sort des Juifs dans les ghettos. Les événements révélés, bien plus variés que ceux photographiés par les soldats allemands, se distinguent, pour certains, par leur caractère ambivalent. Loin de masquer la tragédie, les scènes de vie ordinaire illustrent la dignité, l’humanité, les valeurs, et les vestiges d’un monde disparu.
Mendel Grossman |
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George Kadish |
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Henryk Ross |
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